TEMOIGNAGES |
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Les femmes qui suivaient Jésus dessin de Eloy Roy |
DES SOEURS RACONTENT LEUR VOCATION
Je m’appelle Sœur Joëlle, je suis entrée à Igny il y a 18 ans et j’ai 61 ans. Rien ne me prédestinait à la vie religieuse et encore moins à la vie monastique. Mes parents ont grandi dans la foi catholique et nous ont élevées, ma sœur et moi dans cette même foi. Mais seule maman pratiquait et papa la suivait à la messe le dimanche. La religion n’était jamais abordée à la maison et mes grand parents maternels, que seuls j’ai connus, ne pratiquaient pas. A la suite de ma retraite de profession de foi à 11 ans, j’ai juste dit, un jour que nous faisions un repas de famille, que cela me plairait d’être religieuse. J’ai compris que c’était une chose dont il ne fallait pas parler et je n’en ai jamais reparlé. J’ai ensuite fait mes études, à la fin de celles-ci, j’ai eu un grave accident de circulation (renversée par une voiture). Ce fut un premier « électro choc » car j’en suis sortie, je dirai, miraculeusement et à cette époque, faisant partie de l’aumônerie des étudiants des grandes écoles de cette ville universitaire, je me suis posée à nouveau la question de la vocation religieuse. J’ai commencé à travailler mais lors de mon premier emploi, un deuxième « électro choc » m’a fait repenser à cet appel entendu, j’ai perdu accidentellement mon fiancé ce qui après un moment de révolte m’a rapprochée curieusement de Dieu. Après avoir déménagé, je me suis installée dans la Marne où j’y ai travaillé quatorze ans d’abord à Chalons en Champagne puis à Reims. Durant toute cette période, habitant dans un petit village, je me suis investie dans ma paroisse au niveau de l’animation. Le jubilé de notre curé a été l’occasion de créer une petite chorale paroissiale (regroupant 12 clochers à l’époque). Nous avons commencé à une dizaine de personnes et celle-ci continue encore aujourd’hui avec environ une cinquantaine de personnes. Ainsi, ma foi a grandi et mûri auprès de tous les paroissiens que je rencontrais et côtoyais régulièrement. Le dernier « électro choc » fut lorsque le maire d’un village voisin, veuf ayant plusieurs enfants, a annoncé qu’il allait devenir prêtre. Tout cela m’a permis de dire enfin oui au Seigneur. En fait, j’aime résumer ma vocation en prenant une image qui me tient à cœur parce que proche de mon ancien métier. Le Seigneur a semé une petite graine en mon cœur lors de mon baptême, il l’a fait germer vers l’âge de 12 ans lorsque j’ai eu l’intuition que le Seigneur m’appelait, j’emploie cette expression car je n’ai pas entendu à proprement parler de voix qui m’appelait. Mais, cette graine ne pouvait pas pousser et grandir car elle n’avait pas un environnement favorable, je dirai porteur, il lui manquait le terreau, l’engrais, l’eau pour qu’elle pousse. Cette graine les a trouvés dans le contact et les relations avec toutes ces personnes chrétiennes qui m’ont portée dans ma vocation qui a pu éclore. Les « électro-chocs » du Seigneur sont les coups de fouet (engrais) que l’on donne aux plantes pour qu’elles poussent plus vite ! J’ai d’abord pensé à une vie religieuse apostolique et missionnaire pouvant allier mes 2 vocations, religieuse et celle proche de la nature et de l’agriculture. Connaissant un peu l’Afrique, je me suis d’abord orientée vers ces pays qui ont tant besoin d’aide pour subvenir à leurs besoins ; puis je me suis tournée en France vers les communautés implantées dans les campagnes souvent déchristianisées et c’est seulement en dernier lieu que ma recherche s’est portée sur la vie monastique que je ne connaissais absolument pas. Mon métier m’avait fait découvrir Igny et ses environs, la zone agricole du Tardenois, très belle et vallonnée. C’est ainsi que naturellement j’ai demandé à faire un stage à Igny puis y suis rentrée. J’y ai découvert la vie cistercienne dont la spiritualité basée sur le travail de nos mains, à l’origine le travail de la terre, et la prière « ora et labora » me convenaient parfaitement et correspondaient à mes aspirations. Jusqu’à aujourd’hui, malgré les nombreux bouleversements intervenus en une vingtaine d’années (une trentaine de sœurs décédées, le regroupement de 4 communautés cisterciennes à Igny, la rénovation de tous les bâtiments, le vieillissement inexorable de chacune d’entre nous…), ma recherche du Seigneur et le désir de m’unir à Lui de plus en plus intimement sont toujours ma priorité et restent le but poursuivi de toute moniale. Ceci est toute ma joie profonde et me permet de témoigner du prénom que mes parents m’ont choisi : Joël, la joie de Dieu, la joie en Dieu. Soeur Joëlle |
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Ceux qui embrassent la vie consacrée, hommes et femmes, se situent, par la nature même de leur choix, en acteurs privilégiés de la recherche de Dieu qui anime depuis toujours le cœur de l'homme et le conduit dans de multiples voies d'ascèse et de spiritualité. ... Les personnes consacrées, vivant de manière cohérente et en plénitude leurs engagements pris librement, peuvent présenter des réponses aux aspirations de leurs contemporains et leur éviter de recourir à des solutions pour le moins illusoires et souvent négatrices de l'Incarnation salvifique du Christ ... Toute personne consacrée doit former en elle l'homme intérieur qui ne s'évade pas de l'histoire ni ne se replie sur lui-même. En vivant à l'écoute obéissante de la Parole dont l'Église est la gardienne et l'interprète, elle fait percevoir dans le Christ suprêmement aimé et dans le mystère trinitaire l'objet de l'aspiration profonde du cœur humain et le terme de tout itinéraire religieux sincèrement ouvert à la transcendance. (Vita consecrata n°103) |