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QUELQUES SAINTS |
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De J.B. Bossuet
Deuxième panégyrique de Saint Joseph |
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15 JUIN A Clermont, en Auvergne, vers 480, saint Abraham, moine. Originaire de Perse, il s'exila pour fuir la persécution et visiter les Pères du désert d'Egypte. De là, il gagna la Gaule où il mit en pratique ce qu'il avait appris. Au VIIème siècle, le retour à Dieu de saint Landelin. Brigand célèbre en Artois, il se convertit et décida de vivre en reclus à Lobbes, dans le Hainaut, puis à Crespin. Ces ermitages devinrent, par la suite, d'intenses foyers de vie monastique. A Pibrac, dans le diocèse de Toulouse, en 1601, le retour à Dieu de sainte Germaine Cousin. Orpheline et infirme, cette bergère mourut à l'âge de 22 ans, maltraitée par ses maîtres, mais favorisée par le Très-Haut qui prend soin même des fleurs des champs.
14 JUIN L'an de grâce 1046, le retour à Dieu du bienheureux Richard, abbé de Saint Vanne de Verdun, qui, après un séjour à Cluny, ranima le monachisme en Lorraine, en Rhénanie et en Flandre. En 1138, le bienheureux Gérard, frère de saint Bernard, qu'il suivit dans la vie monastique à Cîteaux puis à Clairvaux dont il fut le cellérier intelligent et dévoué. Il passa vers le Père dans un transport de joie en chantant le psaume 148. L'abbé de Clairvaux, au chapitre, interrompit le commentaire du Cantique des Cantiques pour faire son éloge et le pleurer.
13 JUIN Mémoire de saint Antoine, franciscain portugais qui, au retour d'une mission en terre d'Islam, dut prêcher en Lombardie, puis en Limousin où il fonda le couvent de Brive. Ses sermons riches en citations scripturaires, lui ont valu le titre de Docteur évangélique. Il mourut à Padoue en 1231.
12 JUIN L'an du Seigneur 1245, le bienheureux Guy de Cortone, chrétien de condition modeste qui choisit de vivre plus pauvrement encore, à la suite d'une visite de saint François d'Assise. Sa culture lui permit de recevoir le sacerdoce pour le service de ses frères. L'an de grâce 1249, chez les cisterciennes de La Cambre, près de Bruxelles, sainte Alice de Schaarbeck. A vingt-deux ans, la lèpre la contraignit à mener la vie de recluse dans une cellule adossée à l'église. Elle devint aveugle et, sur la fin de sa vie, n'avait plus qu'un membre sain, sa langue, pour chanter les louanges de Dieu.
11 JUIN Mémoire de saint Barnabé. Sans avoir été l'un des Douze, il reçut le titre d'Apôtre en raison du rôle important qu'il joua dans la primitive Eglise. C'est lui qui introduisit Saul auprès des Apôtres, l'emmena à Antioche et l'accompagna, lors de son premier voyage missionnaire. Barnabé quitta ensuite saint Paul pour aller évangéliser Chypre.
9 JUIN A Edesse de Syrie, l'an de grâce 373, la naissance au ciel de saint Ephrem, diacre et docteur de l'Eglise. Théologien soucieux d'orthodoxie et poète de grand talent, il composa en l'honneur du Christ et de sa Mère, d'innombrables hymnes liturgiques qui lui valurent le surnom de "Harpe du Saint Esprit". Dans l'île d'Iona, au large de l'Ecosse, l'an du Seigneur 597, saint Colomba, abbé. L'un de ses successeurs trace de lui ce portrait : "Nature d'élite, brillant dans ses paroles, grand dans ses conseils, plein d'amour envers tous, rempli au fond du coeur de la sérénité et de la joie du Saint Esprit".
8 JUIN L'an de grâce 560, saint Médard, qui fut sacré évêque de Noyon par saint Rémi de Reims. Sa renommée eut un tel rayonnement que la reine Radegonde voulut recevoir de lui le voile des religieuses quand elle quitta la cour. Une abbaye s'éleva sur son tombeau à Soissons.
7 JUIN En Angleterre, l'an du Seigneur 1159, saint Robert. Issu d'une humble famille du comté d'York, il put cependant faire des études et les poursuivre à Paris. C'était un prêtre cultivé chargé d'une paroisse quand il se fit moine bénédictin à Wytby ; il se joignit ensuite aux frères de cette communauté qui fondèrent Fountains pour y mener la vie cistercienne. Cinq ans plus tard, il était envoyé comme premier abbé à la fondation de Newminster, aux frontières de l'Ecosse, où son zèle pastoral fut couronné par l'établissement de trois autres monastères.
6 JUIN L'an de grâce 1134, la naissance au ciel de saint Norbert, fondateur de l'Ordre canonial de Prémontré, dont les membres se consacrent au ministère pastoral, dans la communion fraternelle et la célébration de la liturgie. Devenu archevêque de Magdebourg, en Saxe, il se montra l'un des plus grands artisans de la réforme grégorienne. Son corps a été transféré à Prague.
5 JUIN Mémoire de saint Boniface. Moine bénédictin anglais envoyé en mission en Germanie, il y organisa l'Eglise en créant de nouveaux évêchés et en fondant des monastères. Nommé archevêque de Mayence par le Siège romain auquel il se référait très fidèlement, il fut martyrisé en plein labeur alors qu'il venait évangéliser la Frise. Son corps fut enseveli à l'abbaye de Fulda qu'il avait fondée en 744 et où il est resté l'objet de la vénération de toute l'Allemagne catholique.
4 JUIN L'an de grâce 545, la naissance au ciel de sainte Clotilde. Après avoir eu la joie de convertir Clovis et de faire ainsi de sa nation "la fille aînée de l'Eglise romaine", elle eut, devenue veuve, la douleur d'être privée de ses petits-fils tragiquement assassinés. Elle se retira alors à Tours, près du tombeau de saint Martin et favorisa le monachisme par plusieurs fondations.
3 JUIN Mémoire de saint Charles Lwanga et de ses compagnons, martyrs. En 1886, sept ans après l'arrivée des premiers missionnaires en Ouganda, une centaine de jeunes chrétiens, catholiques et anglicans, furent mis à mort pour avoir voulu rester fidèles à la grâce de leur baptême dans la chasteté et la prière. Vingt-deux catholiques furent canonisés en 1964 et saint Charles Lwanga a été proclamé patron de la jeunesse africaine.
2 JUIN La passion des saints Pothin, évêque, Blandine, vierge, et de leurs compagnons, premiers martyrs de la Gaule, livrés les uns au glaive, les autres aux bêtes dans l'amphithéâtre de Lyon, l'an du Seigneur 177. Leur glorieuse confession de foi est rapportée dans l'admirable lettre adressée par les "serviteurs du Christ qui habitent Vienne et Lyon, à leurs frères orientaux qui ont la même foi et la même espérance dans la rédemption". Au juge qui les interrogeait, ils répondirent unanimement qu'ils étaient chrétiens, "trouvant là un soulagement dans la joie du témoignage, dans l'amour du Christ et dans l'Esprit du Père".
1er JUIN Mémoire de saint Justin, martyrisé vers l'an 165. Né en Palestine, il chercha d'abord la vérité dans différentes écoles philosophiques, avant de découvrir, dans la doctrine chrétienne, la seule sûre et véritable sagesse. Il mit alors sa science au service de l'Eglise romaine et laissa plusieurs ouvrages, parmi lesquels une précieuse apologie du christianisme adressée à l'empereur, où il décrit les sacrements du Baptême et de l'Eucharistie. A Césarée de Palestine, le bienheureux Pamphile, prêtre, martyrisé en 390 avec plusieurs autres chrétiens. Après son ordination sacerdotale, il dirigea une école théologique créée par Origène qu'il admirait beaucoup. Le plus illustre de ses élèves fut l'historien Eusèbe de Césarée. Avec saint Pamphile confessèrent leur foi le diacre Valens, qui connaissait les Ecritures comme personne, et le bienheureux Paul, qui bouillonnait de l'ardeur du Saint Esprit. En Espagne, au début du XIème siècle, le retour à Dieu de saint Inigo, anachorète. Devenu abbé d'Onia, où l'on venait d'adopter l'observance clunisienne, il donna un nouvel essor au monachisme. A sa mort, juifs, musulmans et chrétiens le pleurèrent unanimement.
31 MAI Fête de la Visitation de la bienheureuse vierge Marie. Habitée par la présence divine et saluée comme l'arche de la nouvelle alliance par sa cousine Elisabeth, enceinte, à qui elle venait apporter ses services, Marie répondit par le magnificat où elle exalte les merveilles du Tout-Puissant envers sa servante, sa miséricorde envers les pauvres et sa fidélité envers Israël.
30 MAI Mémoire de sainte Jeanne d'Arc, vierge, élevée à Domrémy, aux marches de Lorraine. "Emue par la grande pitié du royaume de France et chargée en nom Dieu, premier servi, de rejoindre à Chinon le gentil Dauphin", elle prit, à l'âge de seize ans, la tête d'une armée dont les victoires permirent la libération d'Orléans assiégée par les Anglais, et le sacre du roi à Reims. Capturée aux portes de Compiègne par les Bourguignons, elle fut brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431, à la suite d'un procès où, cependant, le Saint Esprit lui avait inspiré des réponses témoignant de son innocence morale et de sa fidélité à la doctrine de l'Eglise militante.
29 MAI Vers 347, saint Maximin. Originaire de l'Aquitaine, il vint à Trêves, alors résidence impériale, où il fut élu évêque. Il se montra vaillant défenseur de l'orthodoxie en accueillant saint Athanase exilé.
28 MAI L'an de grâce 576, saint Germain. D'abord abbé de saint Symphorien d'Autun, il fut élu évêque au service de l'Eglise de Paris. Il invita le roi Childebert 1er à fonder un monastère qui prit plus tard son nom : Saint Germain des Prés. L'an du Seigneur 1081, saint Bernard de Menton. Né au château de ce nom, sur le bord du lac d'Annecy, il entra chez les chanoines réguliers et fut ordonné prêtre. Soucieux du sort des pèlerins qui devaient traverser les Alpes, il fit construire pour eux des hospices sur certains sommets. Pie XI l'a déclaré patron des montagnards et des alpinistes.
27 MAI L'an du Seigneur 604, la naissance au ciel de saint Augustin, moine bénédictin romain, qui fut envoyé par le pape saint Grégoire le Grand évangéliser l'Angleterre. Favorablement reçu par le roi du Kent, Etelbert, qu'il baptisa, il fonda le siège métropolitain de Cantorbery d'où il rayonna sur toute l'île qu'il convertit à la foi catholique et apostolique.
26 MAI A Rome, en 1595, saint Philippe Néri, prêtre. Son comportement paradoxal et enjoué lui permettait de faire réfléchir ceux qu'il abordait, et de révéler la souriante liberté des enfants de Dieu aux jeunes qui aimaient se grouper autour de lui dans ses oratoires pour prier et chanter. La congrégation des prêtres de l'Oratoire continua après lui cette forme d'apostolat.
25 MAI Mémoire de saint Bède le Vénérable, moine bénédictin et docteur de l'Eglise. Offert tout jeune au monastère de Wearmouth, il passa sa longue et studieuse vie monastique dans celui de Jarow, au nord de l'Angleterre. Sans jamais rien préférer à l'Oeuvre de Dieu, il se montra aussi assidu aux humbles tâches de la vie communautaire qu'à ses savantes études patristiques, historiques et hagiographiques. Il s'endormit dans le Seigneur en 735.
24 MAI Au Vème siècle, saint Vincent, moine de Lérins, devenu célèbre dans l'histoire de la théologie par sa doctrine sur la Tradition : il y affirme que "l'intelligence de la foi et la formulation dogmatique peuvent et doivent progresser dans le temps, mais exclusivement dans le même sens et la même croyance".
23 MAI Au IXème siècle, saint Michel, métropolite de Synnade en Phrygie. Considéré, à son époque, comme l'un des premiers personnages de l'Eglise d'Orient, il fut envoyé en ambassade à Aix-la-Chapelle et à Rome où l'union entre Grecs et Latins fut solennellement proclamée.
22 MAI En Ombrie, sainte Rita. Paysanne mariée à un homme dissolu et brutal qui périt assassiné, elle obtint de ses deux fils qu'ils n'exercent aucune vengeance. Cette grâce acquise par sa prière et sa pénitence fit d'elle la sainte de l'impossible.
20 MAI L'an de grâce 1444, la naissance au ciel de saint Bernardin de Sienne, prêtre franciscain, qui se consacra surtout aux prédications populaires dans les villes et les campagnes italiennes, annonçant la miséricorde de Dieu et le salut au nom de Jésus.
19 MAI A Kermartin, près de Tréguier, en Bretagne, en 1303, saint Yves, prêtre. Après ses études de théologie et de droit à Paris et à Orléans, il rentra dans son pays où il fut nommé recteur de diverses paroisses. Partout, il se fit l'avocat des pauvres, des veuves et des orphelins, en même temps que le défenseur de la liberté religieuse de l'Eglise. Il est le patron des avocats et des juristes. L'an de grâce 1296, la naissance au ciel de saint Pierre Célestin. D'abord moine bénédictin près de Bénévent, il mena ensuite la vie érémitique sur les hauteurs de Majella, où il fonda la congrégation qui prit son nom. Sa réputation de sainteté lui valut d'être élu pape, service qu'il accepta pour faire cesser la vacance du Saint Siège qui durait depuis deux ans. Mais peu préparé à cette charge, il dut y renoncer moins de six mois plus tard.
18 MAI L'an de grâce 526, la naissance au ciel de saint Jean 1er, pape. Après une ambassade à Constantinople où il fut reçu comme l'apôtre Pierre en personne, il mourut, victime des persécutions du roi Théodoric, dans une prison de Ravenne, puis fut enseveli avec les honneurs réservés aux martyrs. A Upsal, saint Eric. Elevé au trône de Suède en 1150, il entreprit la christianisation des Finnois encore païens, mais fut martyrisé en 1160, alors qu'il venait de participer à la liturge de la messe. Saint Eric fut le patron de la Suède catholique jusqu'au XVIème siècle.
17 MAI L'an du Seigneur 1592, saint Pascal Baylon, franciscain espagnol qui transfigurait son humble vie quotidienne par l'adoration et la communion eucharistique.
16 MAI L'an de grâce 1383, le martyre de saint Jean Népomucène. Originaire de Bohème, il exerça son ministère sacerdotal à Prague. Il fut emprisonné puis jeté dans la Moldau pour avoir refusé de violer le secret de la confession.
15 MAI Mémoire de saint Pacôme, abbé, mort en Thébaïde en 346. Témoin de la charité chrétienne envers les prisonniers durant son service militaire, il se convertit et demanda l'habit monastique à l'ermite saint Palamon. Sept ans plus tard, une voix divine l'avertit de bâtir à Tabenne une maison pour y rassembler beaucoup de frères. Saint Pacôme est ainsi considéré comme le fondateur du cénobitisme en Orient.
14 MAI Fête de saint Matthias, apôtre, qui fut compté parmi les témoins de la résurrection du Seigneur, pour avoir accompagné les autres apôtres et vécu avec Jésus, depuis le baptême de Jean jusqu'à l'Ascension. Selon une tradition, c'est en Ethiopie qu'il porta l'Evangile et qu'il donna sa vie pour le Christ.
13 MAI Au diocèse de Poitiers, en 1820, saint André Hubert Fournet. Nommé curé de son village natal, il refusa de prêter le serment constitutionnel et dut vivre dans la clandestinité durant les années sombres de la Terreur. Il fonda ensuite, avec sainte Elisabeth Bichier des Ages, la Congrégation des Filles de la Croix, qui se dévouent à l'éducation chrétienne des enfants et aux soins des malades pauvres.
12 MAI Saint Germain, archevêque de Constantinople, mort presque centenaire en 733. Célèbre panégyriste de la Mère de Dieu, on lui attribue l'hymne acathiste, litanie de la liturgie orientale en l'honneur de Notre-Dame.
11 MAI Mémoire des saints abbés de Cluny, Odon, Mayeul, Odilon, Hugues et Pierre le Vénérable. La haute autorité morale de Cluny que, du Xème au XIIème siècle, ces grands abbés mirent au service de l'Ordre bénédictin, de l'Eglise romaine et de la paix civile, s'explique par le rayonnement de leur personnalité, la stabilité de leur gouvernement exempt de toute ingérence séculière et leur fidélité à ne rien préférer à l'Oeuvre de Dieu. L'an du Seigneur 477, saint Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné. Des incendies et des tremblements de terre l'incitèrent à instituer les prières connues sous le nom de rogations durant les jours qui précèdent la fête de l'Ascension. A Naples, l'an de grâce 1716, saint François de Girolamo, prêtre de la Compagnie de Jésus. Prédicateur réputé, il favorisa l'apostolat des laïcs et de nombreuses oeuvres sociales au service des malades, des jeunes et des vagabonds.
10 MAI Au début du VIIème siècle, saint Comgall, moine écossais. Il fonda sur la côte de l'Ulster le monastère de Bangor qui fut un centre de haute spiritualité chrétienne jusqu'au temps des invasions danoises. Saint Bernard, dans sa Vie de Saint Malachie, n'hésitait pas à considérer Bangor comme une pépinière de saints qui a produit tant de fruits pour la gloire de Dieu. En Andalousie, l'an du Seigneur 1569, saint Jean d'Avila. Fils de juifs convertis au Christ annoncé par les Ecritures, il fut ordonné prêtre après ses études à Alcala. Il mit ses talents d'orateur au service de l'Evangile et obtint de nombreuses conversions, parmi lesquelles celles des futurs saints Jean de Dieu et François de Borgia.
9 MAI L'an du Seigneur 1443, le bienheureux Nicolas Albergati, chartreux qui fut ordonné évêque de Bologne en 1427. Nommé nonce apostolique par le pape Martin V, il travailla avec succès à rétablir la paix entre la France et l'Angleterre.
8 MAI Au début du IVème siècle, saint Victor. Soldat africain en garnison à Milan, il fut appelé à répondre de sa foi devant les tribunaux, et résista avec courage à tous les efforts entrepris pour le faire apostasier. L'an du Seigneur 615, saint Boniface IV, pape, qui, par ses relations bienveillantes, étendit l'influence du siège romain, en Orient et en Angleterre. Mémoire des frères trappistes du monastère de Tibhirine : Christian de Chergé, prieur, Luc Dochier, Célestin Ringeard, Michel Fleury, Christophe Lebreton, Paul Favre-Miville et Bruno Lemarchand (de la communauté de Fès), tous assassinés dans des circonstances qui restent encore à élucider. Ils avaient été pris en otage la nuit du 27 mars 1996 dans leur monastère et détenus dans la montagne de l'Atlas jusqu'au jour de leur assassinat. Fidèles à leur voeu de stabilité, attachés à la terre d'Algérie ainsi qu'à son peuple, ils voulaient assurer une présence contemplative et priante en milieu musulman tout en étant humblement attentifs aux besoins de ceux qui les entouraient, et cela malgré les menaces reçues et les dangers encourus. Conformément à leur désir, ils ont été ensevelis à Tibhirine. Testament spirituel du frère Christian QUAND UN A-DiEU S'ENVISAGE... S'il m'arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd'hui - d'être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j'aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNEE à Dieu et à ce pays. Qu'ils acceptent que le Maître unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal. Qu'ils prient pour moi : comment serais-je trouvé digne d'une telle offrande ? Qu'ils sachent associer cette mort à tant d'autres aussi violentes laissées dans l'indifférence de l'anonymat. Ma vie n'a pas plus de prix qu'une autre. Elle n'en a pas moins non plus. En tout cas, elle n'a pas l'innocence de l'enfance. J'ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde, et même de celui- là qui me frapperait aveuglément. J'aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout coeur à qui m'aurait atteint. Je ne saurais souhaiter une telle mort ; il me paraît important de le professer. Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j'aime soit indistinctement accusé de mon meurtre. C'est trop cher payé ce qu'on appellera, peut- être, la « grâce du martyre» que de la devoir à un Algérien, quel qu'il soit, surtout s'il dit agir en fidélité à ce qu'il croit être l'islam. Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens pris globalement. Je sais aussi les caricatures de l'islam qu'encourage un certain islamisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes. L'Algérie et l'islam, pour moi, c'est autre chose, c'est un corps et une âme. Je l'ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j'en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit-fil conducteur de l'Évangile appris aux genoux de ma mère, ma toute première Eglise, précisément en Algérie, et, déjà, dans le respect des croyants musulmans. Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m'ont rapidement traité de naïf, ou d'idéaliste : « Qu'il dise maintenant ce qu'il en pense ! » Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s'il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec lui ses enfants de l'islam tels qu'il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de sa Passion, investis par le don de l'Esprit dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences. Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l'avoir voulue tout entière pour cette JOIE-là, envers et malgré tout. Dans ce MERCI où tout est dit, désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d'hier et d'aujourd'hui, et vous, ô amis d'ici, aux côtés de ma mère et de mon père, de mes soeurs et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis ! Et toi aussi, l'ami de la dernière minute, qui n'aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux, ce MERCI, et cet « A-DIEU » envisagé de toi. Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. AMEN ! Inch Allah ! Alger, l décembre 1993.
7 MAI Vers l'an 95, le martyre de sainte Flavie Domitille. Elle reçut le voile des vierges consacrée des mains de saint Clément de Rome. Apparentée à la famille impériale régnante, elle fut bannie pour sa foi chrétienne.
6 MAI En Angleterre, l'an de grâce 698, saint Eadbert, moine bénédictin qui succéda à saint Cuthbert sur le siège épiscopal de Lindisfarn. Sa connaissance des Ecritures et sa charité envers les pauvres lui obtinrent une grande popularité. Son successeur, saint Eadfrid, est l'auteur du célébre évangéliaire de Lindisfarn.
5 MAI A Jérusalem, vers 350, saint Maxime, évêque, condamné aux mines pour avoir confessé la divinité de Jésus Christ.
4 MAI En 1793, au diocèse de Saint Dié, le bienheureux Jean Martin Moye, fondateur de la Congrégation des Soeurs de la Providence de Portieux et de celle de Saint Jean de Bassel, puis missionnaire au Su-Tchuen où, en pleine persécution, il fonda l'Institut des vierges chinoises. De retour en France, il dut s'exiler pour refus de serment et mourut à Trèves.
3 MAI Fête des saints apôtres Philippe et Jacques. Originaire de Bethsaïde, comme Pierre et André, Philippe était, comme eux, disciple de Jean-Baptiste quand il fut appelé par le Christ. L'Evangile rapporte plusieurs épisodes où Philippe intervient pour faire voir Jésus ou pour demander lui-même à voir le Père. Jacques, fils d'Alphée, est dit "le Mineur" pour le distinguer de Jacques "le Majeur", frère de Jean. Au XIIème siècle, le bienheureux Alexandre, prince d'Ecosse devenu convers cistercien à Foigny près de Laon. A l'instigation de sa soeur aînée agée de vingt ans, il avait décidé de renoncer à tout pour le Christ, et, quittant tous les deux leur patrie, ils parvinrent à ce monastère où son identité resta ignorée jusqu'à ses derniers moments.
2 MAI Mémoire de saint Athanase, évêque d'Alexandrie et docteur de l'Eglise. Sa vie durant, il se fit le défenseur de la doctrine du Concile de Nicée, qui proclama le Verbe, Fils de Dieu, consubstantiel au Père. Il contribua aussi à diffuser l'idéal monastique en composant à l'intention des occidentaux la Vie de saint Antoine. Il s'endormit dans le Seigneur en 373, après quarante-cinq années d'épiscopat, dont dix-sept se passèrent en exil.
1er MAI Commémoration de saint Joseph. Charpentier de son métier, il coopéra, par le travail de ses mains, à l'oeuvre créatrice et rédemptrice, tout en gagnant le pain de la sainte famille. |
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Le Seigneur s'est cherché un homme selon son coeur (1 S 13, 14)
Cet homme selon le coeur de Dieu ne se montre pas dehors, et Dieu ne le choisit pas sur les apparences, ni sur le témoignage de la voix publique.
Lorsqu'il envoya Samuel dans la maison de Jessé pour y trouver David, le premier de tous qui a mérité cet éloge, ce grand homme, que Dieu destinait à la plus auguste couronne du monde, n'était pas connu dans sa famille. On présente sans songer à lui tous ses aînés au prophète ; mais Dieu, qui ne juge pas à la manière des hommes, l'avertissait en secret de ne regarder pas à leur riche taille, ni à leur contenance hardie : si bien que rejetant ceux que l'on produisait dans le monde, il fit approcher celui que l'on envoyait paître les troupeaux ; et versant sur sa tête l'onction royale, il laissa ses parents étonnés d'avoir si peu jusqu'alors connu ce fils, que Dieu choisissait avec un avantage si extraordinaire.
Une semblable conduite de la Providence me fait appliquer aujourd'hui à Joseph, le fils de David, ce qui a été dit de David lui-même.
Le temps était arrivé que Dieu cherchât un homme selon son coeur, pour déposer en ses mains ce qu'il avait de plus cher ; je veux dire la personne de son Fils unique, l'intégrité de sa sainte Mère, le salut du genre humain, le secret le plus sacré de son conseil, le trésor du ciel et de la terre.
Il laisse Jérusalem et les autres villes renommées ; il s'arrête sur Nazareth ; et dans cette bourgade inconnue il va choisir encore un homme inconnu, un pauvre artisan, Joseph en un mot, pour lui confier un emploi dont les anges du premier ordre se seraient sentis honorés, afin que nous entendions que l'homme selon le coeur de Dieu doit être lui-même cherché dans le coeur, et que ce sont les vertus cachées qui le rendent dignes de cette louange.
C'est un vice ordinaire aux hommes, de se donner entièrement au dehors et de négliger le dedans, de travailler à la montre et à l'apparence et de mépriser l'effectif et le solide, de songer souvent quels ils paraissent et de ne penser point quels ils doivent être.
C'est pourquoi les vertus qui sont estimées, ce sont celles qui se mêlent d'affaires et qui entrent dans le commerce des hommes : au contraire les vertus cachées et intérieures, où le public n'a point de part, où tout se passe entre Dieu et l'homme, non seulement ne sont pas suivies, mais ne sont pas même entendues. Et toutefois c'est dans ce secret que consiste tout le mystère de la vertu véritable.
En vain pensez-vous former un bon magistrat, si vous ne faites auparavant un homme de bien : en vain vous considérez quelle place vous pourrez remplir dans la société civile, si vous ne méditez auparavant quel homme vous êtes en particulier. Si la société civile élève un édifice, l'architecte fait tailler premièrement une pierre, et puis on la pose dans le bâtiment. Il faut composer un homme en lui-même, avant que de méditer quel rang on lui donnera parmi les autres et si l'on ne travaille sur ce fonds, toutes les autres vertus, si éclatantes qu'elles puissent être, ne seront que des vertus de parade et appliquées par le dehors, qui n'auront point de corps ni de vérité.
Elles pourront nous acquérir de l'estime et rendre nos moeurs agréables, enfin elles pourront nous former au gré et selon le coeur des hommes ; mais il n'y a que les vertus particulières qui aient ce droit admirable de nous composer au gré et selon le coeur de Dieu.
Ce sont ces vertus particulières, c'est cet homme de bien, cet homme au gré de Dieu et selon son coeur, que je veux vous montrer aujourd'hui en la personne du juste Joseph.
Je veux faire tout ce qui éclate pour faire l'éloge d'un saint dont la principale grandeur est d'avoir été à Dieu sans éclat. Les vertus mêmes dont je parlerai ne sont ni de la société ni du commerce ; tout est renfermé dans le secret de sa conscience.
La simplicité, le détachement, l'amour de la vie cachée sont donc les trois vertus du juste Joseph, que j'ai dessein de vous proposer.
Vous me paraissez étonnés de voir l'éloge d'un si grand saint dont la vocation est si haute, réduit à trois vertus si communes ; mais sachez qu'en ces trois vertus consiste le caractère de cet homme de bien dont nous parlons ; et il m'est aisé de vous faire voir que c'est aussi en ces trois vertus que consiste le caractère du juste Joseph.
Car cet homme de bien que nous considérons, pour être selon le coeur de Dieu, il faut premièrement qu'il le cherche ; en second lieu, qu'il le trouve ; en troisième lieu, qu'il en jouisse.
Quiconque cherche Dieu, qu'il cherche en simplicité celui qui ne peut souffrir les voies détournées. Quiconque veut trouver Dieu, qu'il se détache de toutes choses pour trouver celui qui veut être lui seul tout notre bien. Quiconque veut jouir de Dieu, qu'il se cache et qu'il se retire pour jouir en repos, dans la solitude, de celui qui ne se communique point parmi le trouble et l'agitation du monde.
C'est ce qu'a fait notre patriarche. Joseph, homme simple, a cherché Dieu ; Joseph, homme détaché, a trouvé Dieu ; Joseph, homme retiré, a joui de Dieu.
Le chemin de la vertu n'est pas de ces grandes routes dans lesquelles on peut s'étendre avec liberté : au contraire nous apprenons par les saintes Lettres que ce n'est qu'un petit sentier et une voie étroite et serrée, et tout ensemble extrêmement droite.
Par où nous devons apprendre qu'il faut y marcher en simplicité et dans une grande droiture. Si peu non seulement que l'on se détourne, mais même que l'on chancelle dans cette voie, on tombe dans les écueils dont elle est environnée de part et d'autre. C'est pourquoi le Saint Esprit voyant ce péril, nous avertit si souvent de marcher dans la voie qu'il nous a marquée, sans jamais nous détourner à droite ou à gauche ; nous enseignant par cette parole que pour tenir cette voie, il faut dresser tellement son intention, qu'on ne lui permette jamais de se relâcher ni de faire le moindre pas de côté ou d'autre.
C'est ce qui s'appelle dans les Ecritures avoir le coeur droit avec Dieu, et marcher en simplicité devant sa face. C'est le seul moyen de le chercher et la voie unique pour aller à lui, parce que, comme dit le Sage, "Dieu conduit le juste par les voies droites". Car il veut qu'on le cherche avec grande ardeur, et ainsi que l'on prenne les voies les plus courtes, qui sont toujours les plus droites : si bien qu'il ne croit pas qu'on le cherche, lorsqu'on ne marche pas droitement à lui.
C'est pourquoi il ne veut point ceux qui s'arrêtent, il ne veut point ceux qui se détournent, il ne veut point ceux qui se partagent. Quiconque prétend partager son coeur entre la terre et le ciel ne donne rien au ciel, et tout à la terre, parce que la terre retient ce qu'il lui engage, et que le ciel n'accepte pas ce qu'il lui offre.
"Nul ne peut servir deux maîtres". Dieu ne peut souffrir cette intention louche, si je puis parler de la sorte, qui regarde de deux côtés en un même temps. Les regards ainsi partagés rendent l'abord d'un homme choquant et difforme ; et l'âme se défigure elle-même, quand elle tourne en deux endroits ses intentions. "Il faut, dit le Fils de Dieu, que votre oeil soit simple", c'est-à-dire que votre regard soit unique ; et pour parler encore en termes plus clairs, que l'intention pure et dégagée s'appliquant tout entière à la même fin, le coeur prenne sincèrement et de bonne foi les sentiments que Dieu veut.
Mais ce que j'en ai dit en général se connaîtra mieux dans l'exemple.
Dieu a ordonné au juste Joseph de recevoir la divine vierge comme son épouse fidèle pendant qu'elle devient mère sans qu'il y ait part, de regarder comme son fils propre un enfant qui ne le touche que parce qu'il est dans sa maison, de révérer comme son Dieu celui auquel il est obligé de servir de protecteur et de gardien. Dans ces trois choses où il faut prendre des sentiments délicats et que la nature ne peut pas donner, il n'y a qu'une extrême simplicité qui puisse rendre le coeur docile et traitable.
Dieu, qui a établi son Evangile sur des contrées mystérieuses, ne se donne qu'à ceux qui se contentent de lui et se détachent des autres biens. Il faut qu'Abraham quitte sa maison et tous les attachements de la terre avant que Dieu lui dise : Je suis ton Dieu. Il faut abandonner tout ce qui se voit pour mériter ce qui ne se voit pas, et nul ne peut posséder ce grand tout, s'il n'est au monde comme n'ayant rien.
Si jamais il y eut un homme à qui Dieu se soit donné de bon coeur, c'est sans doute le juste Joseph, qui le tient dans sa maison et entre ses mains, et à qui il est présent à toutes les heures beaucoup plus dans le coeur que devant les yeux. Voilà un homme qui a trouvé Dieu d'une façon bien particulière : aussi s'est-il rendu digne d'un si grand trésor par un détachement sans réserve, puisqu'il est détaché des passions, détaché de son intérêt et de son propre repos.
Mystère admirable : Joseph a dans sa maison de quoi attirer les yeux de toute la terre, et le monde ne le connaît pas : il possède un Dieu-Homme, et il n'en dit mot : il est témoin d'un si grand mystère, et il le goûte en secret sans le divulguer.
Les mages et les pasteurs viennent adorer Jésus Christ, Siméon et Anne publient ses grandeurs : nul autre ne pouvait rendre meilleur témoignage du mystère de Jésus Christ que celui qui en était le dépositaire, qui savait le miracle de sa naissance, que l'ange avait si bien instruit de sa dignité et du sujet de son envoi.
Quel père ne parlerait pas d'un fils si aimable ? Et cependant l'ardeur de tant d'âmes saintes qui s'épanchent devant lui avec tant de zèle pour célébrer les louanges de Jésus Christ, n'est pas capable d'ouvrir sa bouche pour leur découvrir le secret de Dieu qui lui a été confié.
Erant mirantes, dit l'Evangéliste (des parents de l'enfant) : ils paraissaient étonnés, il semblait qu'ils ne savaient rien : ils écoutaient parler tous les autres ; et ils gardaient le silence avec tant de religion, qu'on dit encore dans leur ville au bout de trente ans : "N'est-ce pas le fils de Joseph ?", sans qu'on ait rien appris durant tant d'années du mystère de sa conception virginale.
C'est qu'ils savaient l'un et l'autre que, pour jouir de Dieu en vérité, il fallait se faire une solitude, qu'il fallait rappeler en soi-même tant de désirs qui errent et tant de pensées qui s'égarent, qu'il fallait se retirer avec Dieu et se contenter de sa vue.
Mais, chrétiens, où trouverons-nous ces hommes spirituels et intérieurs dans un siècle qui donne tout à l'éclat ? |