TEMOIGNAGES |
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Les femmes qui suivaient Jésus dessin de Eloy Roy |
DES SOEURS RACONTENT LEUR VOCATION
J’ai eu la chance d’être élevée dans une famille chrétienne, en Bretagne, dans le Morbihan. Très jeune, vers 8-9 ans, une des premières fois où j’ai vu le prêtre célébrer l’Eucharistie, j’ai eu le désir de ‘donner ma vie à Jésus’. Je n’en ai rien dit à ce prêtre, que j’ai pourtant soigné plus tard lors de mes études d’infirmière, mais c’est sa façon d’être, de célébrer – sans discours – qui m’a donné le goût de Dieu. Dès ce jour-là, j’ai commencé à me rendre à la messe chaque matin, avant d’aller à l’école. En faisant les trois kilomètres à pied, en silence, de la petite ferme de mes parents à l’église du village, j’ai eu le goût de l’intériorité. Avec le recul je vois à quel point le ‘chemin’, le fait de cheminer, nous conduit à Dieu. Une phrase de l’Evangile m’a aussi beaucoup marquée, étant enfant, au caté : « A quoi sert-il de gagner le monde entier si on vient à perdre son âme ». Dans mon cœur de 10-11 ans, j’en ai conclu que même si j’avais, plus tard, toutes les richesses du monde (nous étions en réalité très pauvres, surtout après la maladie de mon père de retour de captivité), si je n’avais pas Jésus en lui donnant ma vie, je n’aurais rien. Après le décès de mon père, à 13 ans, et le certif’ en poche, j’ai travaillé quelques mois chez les sœurs de mon village. Elles sentaient que j’avais la vocation, mais moi, je voulais rester libre. Ma vocation était mon secret. Puis, à l'âge de 15 ans je suis montée travailler à Paris. J’ai vécu quatre ans comme employée de maison. Ce fut un grand bouleversement de passer de la campagne à la grande ville, mais le Seigneur est bon et il n’abandonne pas ceux qui l’aiment. Séparée de ma famille, notamment de ma sœur jumelle, c’est en continuant à aller tous les jours à la messe que j’ai pris conscience que, où que j’aille, aussi déracinée que je sois, j’aurais toujours la « famille Eglise » pour me soutenir. L’eucharistie était ma nourriture quotidienne, un tremplin pour affronter la journée, et la prière était ma force, surtout la prière toute simple du chapelet. A 16 ans, je me suis confiée à un prêtre, à Paris. Je lui ai parlé de mon projet. La Providence m’a guidée. A l’âge de 19 ans je suis entrée dans la congrégation des Filles de Jésus de Kermaria. Je vivais en petite communauté où nous étions réunies au nom de Jésus Christ autour d’un projet apostolique : faire naître et croître son Eglise. Ma mission se situait auprès des malades, d’abord en clinique, ensuite dans un hôpital public. J’ai essayé, à travers ce travail d’infirmière, d’être témoin de l’amour de Dieu auprès de toutes les personnes rencontrées. Tout en me donnant à plein dans cette vie religieuse apostolique, je sentais que le Seigneur ne cessait de m’attirer davantage à Lui, de m’appeler à une intimité plus grande avec Lui. J’ai longtemps résisté à cet appel de Dieu, mais le Seigneur a son heure et il est le grand vainqueur. Après un certain temps de prière, de discernement personnel et avec d’autres, j’ai décidé de faire une expérience monastique à l’abbaye de Belval. Pourquoi Belval ? C’est le secret de Dieu, mais ce dont je suis sûre, c’est que le souffle de l’Esprit saint m’a conduite dans ce lieu. Ce monastère m’a interpellée par sa simplicité et son accueil des pauvres. Finalement, je crois que dans la vie on ne choisit rien, tout est question d’accueil de la volonté de Dieu, de correspondance à Sa grâce. Pourquoi ce changement ? Pour moi, toute vie chrétienne est apostolique, toute vie chrétienne est contemplative. Seuls les moyens de le vivre changent. Je voulais vivre une certaine intériorité. On ne peut vivre sa vocation seul. Vivre en communion enrichit. Mais, paradoxalement, je pense qu’il faut d’abord pouvoir vivre seul pour bien vivre en communauté. Il faut être « clair avec soi-même », bien dans sa peau, bien dans ses baskets, bref être à même d’assumer une solitude que, en réalité, tout le monde – célibataire ou marié –, dans sa vie, dans les responsabilités qu’on lui a confiées, doit être à même de gérer. Etre en communauté, c’est être quand même soi-même, être ‘libre et libérant’. » De plus, c’est le Seigneur qui nous a rassemblées ici et, au jour le jour, il passe par chacune d’entre nous. C’est facile de vivre des fêtes exceptionnelles comme Noël, Pâques, des temps forts. Il est plus difficile de vivre l’austère quotidien, la réalité de la vie avec son lot de joies et de souffrances et d’y voir les signes banals de la Vie, de Dieu. Je continue ma route, « oubliant ce qui est en arrière, je m’élance vers l’avant » (Ph 3), dynamisée par ma communauté et par le Christ qui ne cesse de me séduire, de me combler, par sa miséricorde et sa fidélité. Le plus beau jour est l’aujourd’hui de Dieu. Soeur Claire |
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L'Eucharistie qui « contient l'ensemble des biens spirituels de l'Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, qui, par sa chair, vivifiée et vivifiante par l'Esprit Saint, procure la vie aux hommes »… est le cœur de la vie ecclésiale, elle l'est aussi pour la vie consacrée.
Dans la profession des conseils évangéliques, comment la personne appelée à choisir le Christ comme celui qui seul donne un sens à son existence, ne pourrait-elle ne pas désirer instaurer avec Lui une communion toujours plus profonde par la participation quotidienne au Sacrement qui Le rend présent, au Sacrifice qui rend présent son don d'amour au Golgotha, au repas qui nourrit et soutient le Peuple de Dieu en pèlerinage ?
De par sa nature, l'Eucharistie est au centre de la vie consacrée, personnelle et communautaire. Elle est le viatique quotidien et la source de la spiritualité des personnes et des Instituts.
En elle, tout consacré est appelé à vivre le Mystère pascal du Christ, s'unissant à Lui dans l'offrande de sa vie au Père par l'Esprit. (Vita consecrata n°95) |
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DES SOEURS RACONTENT LEUR VOCATION
Je suis née dans une famille chrétienne pratiquante. Nous n'étions pas riches, mon père était ouvrier menuisier aux Houillères du Pas de Calais. J'ai suivi le caté, avec beaucoup de bonheur. A l'âge de 11 ans, au moment de ma profession de foi, nous sortions tout juste de la guerre 1939-45 ; autour de moi, ce n'était que villes détruites, récits des souffrances atroces subies par les déportés de retour d'Allemagne. J'étais bouleversée et écœurée. A 17ans, j'avais envie d'envoyer promener toute pratique religieuse. J'avais compris qu'il ne fallait pas se tromper de camp dans certaines circonstances de la vie. Si les « idées » ou « la pensée » étaient des vecteurs pour trouver un sens à mon existence, il me fallait réfléchir et regarder autour de moi concrètement. Les idées c'est bien mais quand on les met en pratique qu'est-ce que ça devient ? L'histoire récente me montrait à l'évidence l’ambigüité et l'incohérence de beaucoup d'entre elles. J'étais dans l’embarras et une grande perplexité. Spontanément je priais « Dieu » de m'aider dans cette embrouille. Et Il m'a répondu. Un jour je suis tombée « par hasard » sur une interview de Lanza del Vasto. Son gourou en Inde lui avait conseillé de retourner en Europe car là étaient ses racines. Et Lanza disait que ses racines c'étaient la Bible. Ça m'a fait tilt et j'ai acheté une Bible. Justement c'était le moment où sortait en librairie La Bible de Jérusalem. Je l'ai achetée et j'ai lu en suivant, de la Genèse à l'Apocalypse. Arrivée au Nouveau Testament, spécialement aux Evangiles, j'ai eu comme des écailles qui tombaient de mes yeux. C'était lumineux, évident, que là, le Christ était la Vérité parce qu'il y avait en Lui une cohérence inégalable. Alors le reste a suivi. J'ai cherché à vivre en cohérence avec « ses » paroles et c'est dans la vie monastique cistercienne que j'ai trouvé le chemin. Depuis, je m'efforce d'y marcher avec bien sûr des hauts et des bas, mais la vie communautaire m'aide à ne pas baisser les bras. On ne peut être chrétien tout seul. Soeur Brigitte |
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Dans la vie religieuse contemplative comme dans la vie apostolique, ce sont toujours des hommes et des femmes de prière qui ont réalisé de grandes œuvres, en étant des interprètes authentiques de la volonté de Dieu et en la mettant en pratique. De la fréquentation de la Parole de Dieu, ils ont reçu la lumière pour le discernement individuel et communautaire qui les a aidés à chercher les voies du Seigneur dans les signes des temps. Ils ont ainsi acquis une sorte d'instinct surnaturel qui leur a permis de ne pas se conformer à la mentalité du monde, mais de renouveler leur esprit, afin de pouvoir « discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait » (Rm 12, 2). (Vita consecrata n°94) |
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DES SOEURS RACONTENT LEUR VOCATION
Voici la genèse de ma vocation. Je ne désirais pas être religieuse, au contraire, je voulais me marier. En août 1952, j’avais 24 ans, je suis allée rendre visite à un oncle moine cistercien. Il ne m’a pas parlé de vie religieuse ; au contraire, il m’a dit : « Si tu te maries, choisis bien ». Mais voilà, je suis rentrée chez moi complètement transformée. Le chant des moines et leur vie m’ont conquise, et il n’y avait plus qu’Igny qui comptait. J’étais profondément heureuse. Ma famille n’a pas fait d’objections au fait d’avoir une fille religieuse. Je suis donc entrée au Val d’Igny le 11 octobre 1953. Mes deux sœurs aînées, mariées, avaient des petits enfants, et cela m’a beaucoup coûté de les quitter. Immédiatement, je me suis sentie à ma place, je nageais dans le bonheur, je n’aurais jamais cru que la vie monastique puisse apporter une telle joie. Venant de la campagne, je n’avais pas fait d’études secondaires. Etant entrée au noviciat convers, je me trouvais bien dans cette vocation. Soeur Hélène Marie |
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C'est le Christ lui-même qui s'est rendu présent dans les communautés de ceux qui, au cours des siècles, se sont réunis en son nom, qui leur a parlé de lui et de son Esprit, qui les a orientés vers le Père, qui les a guidés sur les routes du monde à la rencontre de leurs frères et sœurs, qui les a fait devenir les instruments de son amour et les constructeurs du Royaume en communion avec toutes les autres vocations dans l'Église. (Repartir du Christ n°21) |
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"Zachée, descends vite, je veux aller chez toi" (Lc 19,1-10) |
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Ma vocation. J’ai douze ans. Pour la première fois dans l’école où je commence mes études secondaires, je vois des jeunes sœurs en habit religieux. Cela m’interpelle : toute leur vie pour Dieu. – Et toi ? – Qui a parlé ? Cette voix ne se taira plus. Mais les années d’adolescence ouvrent pour moi bien d’autres perspectives. A 16 ans, un premier engagement au service de ma paroisse : un gros bourg privé de curé depuis plus de 20 ans, situation sans issue pour diverses raisons. Avec le groupe des jeunes filles nous essayons de ranimer un peu la flamme. Mais que faire sans un pasteur pour ce pauvre troupeau ? Le ciel répond à nos instantes prières d’une manière inattendue. Un jeune prêtre arrive qui va faire merveille. Ainsi, durant 11 ans partagés entre études et enseignement, je participe avec enthousiasme à la vie paroissiale : scoutisme, chorale, activités culturelles et autres, balades hors frontières, la vie est belle ! Et l’appel à la vie consacrée ? Il est toujours là et m’embarrasse quelque peu. Mais aucune congrégation religieuse ne m’attire et je me garde bien de trop y penser. Un jour, en groupe, nous allons à l’abbaye de Cîteaux. Un mystère plane en ce lieu. A quoi servent ces moines ? En en discutant entre nous, il me semble percevoir le sens de leur vie. Leurs chants, leur prière de jour et de nuit, offerts gratuitement pour la gloire de Dieu, leur vie de silence et solitude … Ne sont-ils pas les racines qui puisent la sève nourrissante pour ce grand arbre qu’est l’Eglise ? Cela me fascine et m’attire. Mais cette vie, elle existe au féminin ? Oui, mais derrière les grilles du cloître. Alors là, impossible pour moi ! Je n’en parle à personne, on rirait bien, autant mettre une hirondelle en cage ! Je prie, je cherche dans mes lectures à mieux connaître cette vie monastique. Je creuse dans les profondeurs, car je sais bien que c’est sur cette longueur d’onde que je pourrai tenir, le reste suivra et s’adaptera. Après plus de deux ans de réflexion, la décision est prise. Surprise, stupeur autour de moi, mais on se rassure bien vite : sans aucun doute, elle reviendra bientôt ! 58 ans ont passé, je suis encore là et de plus en plus heureuse d’être là. Qu’ai-je vécu ? Ce que le Christ lui-même a dit : « Celui qui veut venir à ma suite, qu’il prenne sa croix et me suive ». Pierre vivante de l’Eglise, petite racine cachée, puisant sans répit aux sources vives pour nourrir ce grand corps de l’Eglise. Ça en vaut quand même la peine ! Soeur Dominique |
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Qu'en serait-il du monde, s'il n'y avait les religieux ? Au-delà des estimations superficielles en fonction de l'utilité, la vie consacrée est importante précisément parce qu'elle est surabondance de gratuité et d'amour, et elle l'est d'autant plus que ce monde risque d'être étouffé par le tourbillon de l'éphémère. Sans ce signe concret, la charité de l'ensemble de l'Église risquerait de se refroidir, le paradoxe salvifique de l'Évangile de s'émousser, le sel de la foi de se diluer dans un monde en voie de sécularisation. La vie de l'Église et la société elle-même ont besoin de personnes capables de se consacrer totalement à Dieu et aux autres pour l'amour de Dieu. L'Église ne peut absolument pas renoncer à la vie consacrée, parce que celle-ci exprime de manière éloquente son intime nature sponsale. En elle, l'annonce de l'Évangile au monde entier trouve un nouvel élan et une énergie nouvelle. (Vita consecrata n°105) |
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La grâce originaire qui donne sens à tout ce qui va suivre : 40 heures, environ, après ma venue au monde, je suis baptisée, consacrée à la Vierge Marie, et la célébration s’achève par le chant du Te Deum. Octobre 1933 : c’est par un matin d’épais brouillard, humide et glacial, qu’affamée et assoiffée de lumière et de chaleur humaine, je transgresse l’interdit d’entrer dans la pièce où mère se dévoue aux soins de son nouveau-né et de notre père, malades l’un et l’autre. En un dixième de seconde, devant la scène qui s’offre à mon regard, j’ai la conviction intime de ma vocation et de ma mission : « femme-pour-les autres ». Quelqu’un m’ouvre le cœur à jamais. Quatre vingt un ans plus tard cette expérience demeure aussi vive et pure « qu’au premier instant de la création ». Durant quatre ans environ, je garde jalousement mon « secret ». Très sensible, je sentais venir la guerre, pressentais la misère de certaines familles ouvrières du quartier. Extérieurement, mon entourage me disait une petite fille gaie et d’humeur égale. La sixième année marque un tournant décisif. En février 1938, mère met au monde un quatrième enfant, une fille, Bernadette. Nous allons visiter maman et le bébé ; la religieuse responsable du service offre à mon frère, Pierre, un poupon habillé en clerc de Chartres et, à moi-même une sœur de St Paul de Chartres. En me donnant le jouet, elle me lance : « Tu n’aimerais pas être sœur, plus tard ? » Jaillit alors en réponse un Oui ! clair et décidé. Il vient d’un Autre en même temps qu’il est mien au plus vrai de moi. Blessée par ce dévoilement public de mon « secret », je rétorque à la religieuse : « Pas comme toi ! » Piquée au jeu elle me demande « comment alors ? » - « Moi, je serai sœur et maman » « Impossible, me dit elle. Il faut choisir : tu es religieuse ou maman ». Je garde le silence, affrontée pour la première fois à un choix responsable. 17 juillet 1938 : première communion en la solennité de la Fête-Dieu. A l’offertoire est chanté : « Laissez venir à moi les petits enfants, le Royaume des cieux est à eux ». J’en ai une grande joie. Pour faire bonne mesure, au moment de la communion eucharistique, je reçois une grâce d’indicible union à Jésus. Tout mon être rayonne. 1939. Durant l’été, le médecin de famille m’envoie à la campagne pour m’y reposer. Je jouis de la nature : les fleurs, l’eau de la rivière, les oiseaux, les nuages, les poissons, la moisson. Revenue à la maison pour peu de temps on nous annonce l’attente d’un cinquième enfant, et nous jugeant assez grands nos parents nous proposent une série de prénoms : lequel aimerions-nous ? Passant outre l’esthétique, je m’enquière de ce que chacun de ces saints avait fait. J’écoute attentivement les dits de mon père, puis leur demande : « Quel est le plus dur – synonyme pour moi de « la forme de vie la plus radicale – ? » Mon père répond : « Les cartusiens ». J’insiste : « Mais pour les filles ? » « Les trappistines », me répond-il. Intérieurement je me dis à moi-même : « Je serai trappistine quand le temps sera venu » (je devrai attendre 17 ans). 1940-1948 : « Femme pour les autres » dans la tourmente, l’exode, la guerre, l’humiliation, le pardon, l’espérance contre toute espérance. La réalité succède au pressentiment. J’avais peur, nous étions à trois kilomètres à vol d’oiseaux des bombardements, ce jusqu’à la nuit du 7 juin où les commandant d’une escadrille française cantonnée dans les environs, nous a sortis du sommeil en pleine nuit : les allemands étaient à trente kilomètres, il fallait partir. Après une course folle de trois jours, nous arrivons au hameau des Grichonnières (Indre) pour dormir dans un grenier à grain. Tout le reste de la vie se passait en plein air. Le dimanche nous allions à la messe à l’abbaye de Fongombault, occupée par le petit séminaire de Paris. Saisie par la beauté et le silence des lieux, j’interrogeais une fois de plus : « Qui avait habité ici ? » Des moines, des saints qui prient et travaillent. Première rencontre de la spiritualité cistercienne à travers un lieu. 1948-1956, années décisives : Engagement dans la Jeunesse Etudiante Catholique durant cinq ans. Pour aider mes parents qui n’arrivent pas à éponger leurs dettes, je renonce à des études supérieures et prépare un concours de rédactrice d’administration. Je me suis également occupée de plusieurs jeunes en souffrance, et fait un mémoire sur le mystère de l’Assomption. En 1955, je quittais la charge de fédérale jéciste et me préparais à entrer à l’abbaye de Bonneval pour la Présentation de Marie. Mes parents s’y opposèrent. Après une retraite faite, en mars 1956, à Igny, j’y entrais le 12 avril. Le fruit était mûr et pouvait être cueilli. « Le Seigneur m’a dit : Quitte ton pays, ta parenté, la maison de ton père, pour le pays que je te montrerai ». Allant de campement en campement vers la terre de splendeur, je laisse l’Esprit de la simple pureté de l’Evangile m’habiter, et la Vierge Marie former en moi son Fils, Jésus, dans la paix du soir. Je vous partage pour achever ce parcours une maxime de Dom Bernardo, notre ancien abbé général : « Si tu désires connaître et rejoindre le Christ, tu y parviendras plus vite en Le suivant ». Soeur Marie-Aelred |
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C'est précisément dans l'existence quotidienne que la vie consacrée se développe en mûrissant progressivement pour devenir l'annonce d'un mode de vie différent de celui du monde et de la culture dominante.
A travers son style de vie et la recherche de l'Absolu, elle suggère une quasi-thérapie spirituelle pour les maux de notre temps.
C'est pourquoi, dans le cœur de l'Église, elle représente une bénédiction et un motif d'espérance pour la vie de l'homme et pour la vie ecclésiale elle- même.
Outre la présence active de nouvelles générations de personnes consacrées qui rendent vivante la présence du Christ dans le monde et la splendeur des charismes ecclésiaux, la présence cachée et féconde de consacrés, hommes et femmes, qui ont l'expérience de la vieillesse, de la solitude, de la maladie et de la souffrance, est également particulièrement significative.
Au service déjà rendu et à leur sagesse, qu'ils peuvent partager avec d'autres, ils joignent leur précieuse contribution en s'unissant, par le don d'eux-mêmes, au Christ patient et glorifié en faveur de son Corps qui est l'Église. (Repartir du Christ n° 6) |