TEMOIGNAGES |
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Les femmes qui suivaient Jésus dessin de Eloy Roy |
DES SOEURS RACONTENT LEUR VOCATION
Ma vocation. J’ai douze ans. Pour la première fois dans l’école où je commence mes études secondaires, je vois des jeunes sœurs en habit religieux. Cela m’interpelle : toute leur vie pour Dieu. – Et toi ? – Qui a parlé ? Cette voix ne se taira plus. Mais les années d’adolescence ouvrent pour moi bien d’autres perspectives. A 16 ans, un premier engagement au service de ma paroisse : un gros bourg privé de curé depuis plus de 20 ans, situation sans issue pour diverses raisons. Avec le groupe des jeunes filles nous essayons de ranimer un peu la flamme. Mais que faire sans un pasteur pour ce pauvre troupeau ? Le ciel répond à nos instantes prières d’une manière inattendue. Un jeune prêtre arrive qui va faire merveille. Ainsi, durant 11 ans partagés entre études et enseignement, je participe avec enthousiasme à la vie paroissiale : scoutisme, chorale, activités culturelles et autres, balades hors frontières, la vie est belle ! Et l’appel à la vie consacrée ? Il est toujours là et m’embarrasse quelque peu. Mais aucune congrégation religieuse ne m’attire et je me garde bien de trop y penser. Un jour, en groupe, nous allons à l’abbaye de Cîteaux. Un mystère plane en ce lieu. A quoi servent ces moines ? En en discutant entre nous, il me semble percevoir le sens de leur vie. Leurs chants, leur prière de jour et de nuit, offerts gratuitement pour la gloire de Dieu, leur vie de silence et solitude … Ne sont-ils pas les racines qui puisent la sève nourrissante pour ce grand arbre qu’est l’Eglise ? Cela me fascine et m’attire. Mais cette vie, elle existe au féminin ? Oui, mais derrière les grilles du cloître. Alors là, impossible pour moi ! Je n’en parle à personne, on rirait bien, autant mettre une hirondelle en cage ! Je prie, je cherche dans mes lectures à mieux connaître cette vie monastique. Je creuse dans les profondeurs, car je sais bien que c’est sur cette longueur d’onde que je pourrai tenir, le reste suivra et s’adaptera. Après plus de deux ans de réflexion, la décision est prise. Surprise, stupeur autour de moi, mais on se rassure bien vite : sans aucun doute, elle reviendra bientôt ! 58 ans ont passé, je suis encore là et de plus en plus heureuse d’être là. Qu’ai-je vécu ? Ce que le Christ lui-même a dit : « Celui qui veut venir à ma suite, qu’il prenne sa croix et me suive ». Pierre vivante de l’Eglise, petite racine cachée, puisant sans répit aux sources vives pour nourrir ce grand corps de l’Eglise. Ça en vaut quand même la peine ! Soeur Dominique |
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Qu'en serait-il du monde, s'il n'y avait les religieux ? Au-delà des estimations superficielles en fonction de l'utilité, la vie consacrée est importante précisément parce qu'elle est surabondance de gratuité et d'amour, et elle l'est d'autant plus que ce monde risque d'être étouffé par le tourbillon de l'éphémère. Sans ce signe concret, la charité de l'ensemble de l'Église risquerait de se refroidir, le paradoxe salvifique de l'Évangile de s'émousser, le sel de la foi de se diluer dans un monde en voie de sécularisation. La vie de l'Église et la société elle-même ont besoin de personnes capables de se consacrer totalement à Dieu et aux autres pour l'amour de Dieu. L'Église ne peut absolument pas renoncer à la vie consacrée, parce que celle-ci exprime de manière éloquente son intime nature sponsale. En elle, l'annonce de l'Évangile au monde entier trouve un nouvel élan et une énergie nouvelle. (Vita consecrata n°105) |