TEMOIGNAGES |
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DES SOEURS RACONTENT LEUR VOCATION
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Il y a ceux, comme Jérémie, que le Seigneur a consacrés avant qu'ils sortent du ventre de leur mère (Jr 1,5), et ceux qui pensaient à tout sauf à ça et que le Seigneur a pris, comme Amos, de derrière le bétail (Am 7,15), ou appelé, comme Matthieu, assis au bureau des taxes (Mt 9,9). Car ce qui est fou et faible dans le monde, ce qui est vil et méprisé, ce qui n'est rien, voilà ce que Dieu a choisi, afin que personne ne puisse s'enorgueillir devant Dieu (1 Cor 1, 27-29). Des femmes aussi accompagnaient Jésus : Marie de Magdala, Jeanne femme de Chouza, intendant d'Hérode, Suzanne et beaucoup d'autres. Il les avait guéries et elles faisaient route avec Lui, comme les apôtres, et les aidant de leurs biens (Luc 8,1-3). Considérez qui vous êtes, vous qui avez reçu l’appel de Dieu (1 Cor 1, 26), nous dit encore aujourd’hui saint Paul. Nous publions ci-dessous des témoignages de sœurs de la communauté qui ont accepté de raconter cet appel du Seigneur qui les a saisies et conduites au monastère. Comment cela s'est-il fait ? Seize itinéraires différents à découvrir, où la présence et l'action de Dieu en chacune a ouvert un chemin qui dure toujours ... |
" Avec l’apostolat de la prière nous sommes en union avec le monde entier ..." (lire) " Toutes mes sœurs sont pour moi vraiment mes sœurs ..." (lire) " Puisqu’il donnait sens à ma vie, ma vie était pour lui ..." (lire) " Mais comment sait-on qu'on a une vocation religieuse ? ... " (lire) " Ce lieu m’attirait par sa beauté et surtout parce que j’y « sentais » Dieu présent ..." (lire) " Je vois certains fruits de paix et de maturité spirituelle qui ont commencé à germer dans mon cœur ... (lire) " Tout cela m’a permis de dire enfin oui au Seigneur ..." (lire) " Une des premières fois où j’ai vu le prêtre célébrer l’Eucharistie, j’ai eu le désir de ‘donner ma vie à Jésus'..." (lire) " La vie communautaire m'aide à ne pas baisser les bras. On ne peut être chrétien tout seul ..." (lire) " Je ne désirais pas être religieuse, au contraire, je voulais me marier ..." (lire) " Je creuse dans les profondeurs, car je sais bien que c’est sur cette longueur d’onde que je pourrai tenir ..." (lire) " Quelqu’un m’ouvre le cœur à jamais. Quatre vingt un ans plus tard cette expérience demeure aussi vive et pure ..." (lire) " Je rends grâce au Seigneur de m’avoir gardée fidèle à travers les moments d’épreuve ..." (lire) " A un moment, trois mots ont résonné en moi : « Pourquoi pas toi ? » (lire) " Ce ne fut pas un feu de paille puisqu’il y aura bientôt 60 ans que je frappais à la porte ..." (lire) " Jamais je n’ai été déçue ..." (lire) |
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Les femmes qui suivaient Jésus dessin de Eloy Roy |
DES SOEURS RACONTENT LEUR VOCATION
Donner mon témoignage, c’est avec joie que je le fais. Le seul problème ? Ce fut tellement simple que je crains de ne pas remplir une page ! En gros, ma vocation remonte à 60 ans. Je suis née dans une famille chrétienne : 5 enfants et 3 cousins germains, orphelins, recueillis par mes parents. Pour en venir à la vocation, c’est au jour de ma confirmation que tout a commencé. Après nous avoir parlé, le Père Evêque terminait en disant : « J’espère que parmi vous, il y aura quelques prêtres et quelques religieuses ». Et moi, j’ai entendu très nettement : « Ça, c’est pour toi, ma fille ». Vous imaginez la suite, et jusqu’à 24 ans je n’en ai parlé à personne, de peur qu’on me pousse ou m’attire. Jusqu’au jour où notre curé, un jeune prêtre, me pose la question : « Simone, est-ce que tu as déjà pensé à la vie religieuse ? » Comme je ne pouvais pas mentir, je réponds : « Bien sûr, je ne fais que cela ». « Eh bien, me dit-il, viens me voir demain, on en parlera ». Et c’était parti. Comme je lui ai dit que ce qui m’intéressait, c’était uniquement la prière, il a dû contacter l’abbé de Cîteaux. Celui-ci est passé à la maison. Il m’a conseillé d’aller faire une retraite à l’abbaye de la Grâce-Dieu, ce que j’ai fait au début de l’année 1956. Au retour, le jeune prêtre me demande : « Ça t’a plu ? » Devant mon peu d’enthousiasme, lui de conclure : « Eh bien tant mieux, ce ne sera pas un feu de paille ! » Et le 15 octobre j’entrais au monastère. Et voilà, ce ne fut pas un feu de paille puisqu’il y aura bientôt 60 ans que je frappais à la porte de la Grâce-Dieu où je fus très heureuse. Pour en revenir au passé, si je n’ai fait que l’école primaire, par contre j’ai eu la chance de faire de la musique et du violon, ce qui m’a beaucoup apporté. Et maintenant, à défaut de violon, j’accompagne les offices liturgiques de sexte et de complies à la cithare. Enfin, bref, je suis très heureuse à l’abbaye du Val d’Igny. Je souhaite et prie le Seigneur que beaucoup de jeunes entendent son appel et y répondent, pour leur plus grand bonheur. Soeur Simone |
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Par les personnes consacrées se répand dans l'Église une invitation persuasive à considérer le primat de la grâce et à y répondre par un généreux engagement spirituel. Malgré les profonds processus de sécularisation, les fidèles ressentent une exigence diffuse de spiritualité, qui s'exprime très souvent par un besoin renouvelé de prière. Les événements de la vie, malgré leur caractère quotidien, se présentent comme des interrogations qui doivent être lues dans une optique de conversion. Le dévouement des personnes consacrées au service d'une qualité évangélique de la vie contribue à conserver vivante, de bien des manières, la pratique spirituelle au sein du peuple chrétien. (Repartir du Christ n°8) |
Témoignage de Soeur Bruno à l'occasion de son jubilé de platine
(70 ans de profession monastique) le mardi 28 octobre 2014 |
Ce qui m’habite en ce jour, c’est une très grande reconnaissance envers Dieu et envers ma communauté pour leur fidélité durant ces 70 ans d’alliance réciproque, fidélité qui a gardé et soutenu la mienne. A la messe de mon jubilé d’or, j’avais demandé l’introït grégorien : « Scio cui credidi et certus sum », « je sais en qui j’ai cru et je suis sûre qu’il gardera le dépôt que je lui confie ». Jamais je n’ai été déçue. J’ai une grande reconnaissance aussi pour la formation que j’ai reçue au noviciat et qui répondait à ce que je désirais. Mère Paula, ma Mère maîtresse, nous parlait de vie intérieure donnée à Dieu, n’ayant rien de plus cher que le Christ dans une grande solitude intérieure. « Si on ne vous dit rien, disait-elle, si vous ne savez rien, c’est que vous n’avez pas besoin de le savoir ». Cela coupait court à toute question de curiosité ou d’indiscrétion. « Un regard de curiosité, ne serait-ce que de quelques secondes, cela suffit, le cliché est pris dans la mémoire », disait-elle aussi. Ces 72 années ont eu des hauts et des bas, des chutes et des re-départs, des pardons à demander à ma communauté et des pardons à accorder, car parfois il y a des attitudes ou des paroles qui font mal. Certains phares plus marquants ont guidé et affermi mes pas … L’évangile, avec celui de saint Luc, l’évangile de la miséricorde. La règle de saint Benoît avec le chapitre 72. La célébration de l’office divin et de la liturgie. Mon amitié avec Elie le prophète, avec la phrase que sœur Humbeline avait prise comme psaume responsorial pour son jubilé d’or : « Il est vivant le Dieu devant qui je me tiens ». La dernière phrase du livre d’Ezéchiel : « Le nom de la ville sera désormais ‘Dieu est là’ », ce qui rejoint mon prénom de baptême, Elisabeth, qui veut dire ‘Maison de Dieu’. Le chapitre 15 (v.22-28) de la première épître aux Corinthiens : « Le dernier ennemi que le Christ mettra sous ses pieds, c’est la mort, puis il remettra sa royauté à son Père et Dieu sera tout en tous », avec le beau répons que nous avions pour la Toussaint, dont le refrain était : « Fils de Dieu, superbe est ta victoire, hâte les temps nouveaux ». Enfin le dessein de Dieu sera réalisé ! L’enseignement de Dom Godefroy Belorgey, avec son sens de Dieu et son attrait pour la prière et la vie intérieure. Il nous disait : « Tout le mouvement des affaires humaines n’est rien auprès d’une âme qui cherche Dieu au fond de son cœur ». La fréquentation de Maurice Zundel avec son intuition de la pauvreté de Dieu et de la dépossession de soi, qui rejoint la spiritualité de saint François d’Assise, patron des louveteaux dont j’ai été cheftaine. Et enfin, il y a 4 ou 5 ans, c’était à Belval. Père Arthur qui s’occupe des migrants dans le Nord-Pas de Calais, avait passé quelques jours à l’hôtellerie. Au moment de partir je lui ai dit : « Père, dites moi une parole ». Il m’a répondu : « Demeurez avec Marie debout au pied de la croix : là il se passe de grandes choses ». Je serais ingrate si je ne faisais pas mention de mon ange gardien qui m’accompagne depuis 92 ans avec patience, vigilance et miséricorde, et que je prie souvent. Bref, durant ces 72 ans, désertiques en très grande partie, Dieu a décapé et buriné mon tempérament très sensible, trop sensible, sentimental ont osé dire certaines personnes. Peu à peu il m’a dépossédée de moi-même, m’a décentrée, dirait Père Philippe, et il m’a fait la grâce d’une grande compassion et miséricorde pour chacun et pour tous. Je n’y suis pour rien, c’est son œuvre, dirait le psalmiste. « Que demandez-vous », m’a-t’il été demandé à ma profession ? « La miséricorde de Dieu et celle de l’Ordre », ai-je répondu. Dieu m’a exaucée. Maintenant je vais vers l’ultime rencontre, je prie pour la relève, souhaitant que d’autres rejoignent notre communauté et y découvrent la vie avec Dieu et pour Dieu dans la solitude. Je terminerai par une phrase de ma grand-mère maternelle, écrite en 1916 à maman : « Arrivée à l’automne de la vie, la voie que j’ai devant moi est toute de détachement. Les feuilles tombent et il faut se laisser dépouiller joyeusement. Voilà tout ».
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Les femmes qui suivaient Jésus dessin de Eloy Roy |
DES SOEURS RACONTENT LEUR VOCATION
A 20 ans, je travaillais depuis deux ans dans un milieu qui n'était pas porteur des valeurs chrétiennes. Comme je désirais vivre ma vie chrétiennement, je décidai de faire une retraite pendant mes congés. Cinq jours avec des instructions et du silence pour prier et réfléchir. C'était au Cénacle à Lalouvesc. Le prêtre qui me suivait habituellement m'avait encouragée. Il y eut une instruction - méditation sur l'Agonie du Christ au Jardin des Oliviers. Le prédicateur insistait beaucoup sur la solitude du Christ ; Jésus était seul, les Apôtres dormaient. A un moment, trois mots ont résonné en moi : « pourquoi pas toi » ; j'ai compris à l'instant même que c'était un appel à une vie consacrée et étant donné le contexte, plutôt dans la vie contemplative. Je remercie le Seigneur qui m'a soufflé la réponse et je lui dis : «Seigneur, si c'est ta volonté, moi, je veux bien ». Il me fallait en effet voir si le Seigneur m'appelait ou si c'était une impression de retraite (c'est-à-dire : silence, instruction, ambiance). Et j'ai dit au Seigneur : je vais reprendre le travail, le train-train quotidien ; si c'est Toi qui m'appelles, fais le moi connaître dans un mois que je ne puisse pas douter. Tu as tous les moyens. Un mois après cette retraite, je fus obsédée par cet appel et je n'ai pu que reconnaître la main du Seigneur. Prières - conseils - réflexions ... et deux ans après j'entrais à l'Abbaye. Ce qui me frappe le plus dans ce fragment de ma vie c'est l'Amour miséricordieux de Dieu. J'étais arrivée à cette retraite dans un état spirituel assez lamentable et j'avais demandé à me confesser de suite. Et deux ou trois jours après, le Seigneur m'appelle. II y a quelque chose de bouleversant dans ce « pourquoi pas toi » que j'ai compris comme « si tu veux » ; et l'Amour miséricordieux de Dieu reste pour moi bouleversant après plus de 50 ans de vie monastique. Nous puisons notre fidélité dans Sa fidélité ; c'est Lui qui suscite nos promesses que nous tenons par la confiance dans la Puissance de son Amour. L'engagement dans la durée est difficile pour beaucoup de nos contemporains ; bénis sois-Tu Seigneur pour m'avoir soutenue jour après jour et pour le soutien que tu offres à tous. Créatures fragiles toujours, mais animés par la force et la lumière de Ton Esprit, nous avançons vers Toi avec tous nos frères les hommes. Oui, Seigneur, notre force, c'est Toi ; notre fidélité, c'est Toi ; notre amour, c'est Toi ; notre bonheur c'est Toi ; béni sois-Tu Seigneur Dieu! Soeur Marie-Gabrielle |
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Le monde et l'Église cherchent d'authentiques témoins du Christ. Et la vie consacrée est un don que Dieu fait pour que l'unique nécessaire soit mis sous les yeux de tous. Dans l'Église et dans le monde, la vie consacrée a spécialement pour mission de rendre témoignage au Christ par la vie, par les œuvres et par la parole. Vous savez en qui vous avez mis votre foi : donnez-lui tout ! Les jeunes ne se laissent pas tromper : venant à vous, ils veulent voir ce qu'ils ne voient pas ailleurs. Vous avez une responsabilité immense pour demain: les jeunes consacrés en particulier, témoignant de leur consécration, pourront amener leurs contemporains à renouveler leur vie. L'amour passionné pour Jésus Christ attire puissamment les autres jeunesque, dans sa bonté, Il appelle à le suivre de près et pour toujours. Les hommes de notre temps veulent voir dans les personnes consacrées la joie qu'elles ressentent en étant avec le Seigneur. (Vita consecrata n°109) |
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Les femmes qui suivaient Jésus dessins de Eloy Roy |
DES SOEURS RACONTENT LEUR VOCATION
Ma vocation. Je venais d’avoir 8 ans et je me préparais à ma première communion, j’étais très heureuse. Je lisais la vie de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus dans une édition pour enfants avec beaucoup d’images. Bien sûr je voulais faire comme elle et devenir carmélite. Mais je n’avais que 8 ans ! C’était un beau rêve qui s’est estompé avec les années, pour revenir durant ma retraite de communion solennelle, comme on disait à cette époque. Puis il s’est de nouveau envolé. Mais le Seigneur avait un projet pour moi et ce projet, Il voulait l’amener à bonne fin. Il sait attendre et surtout Il sait faire. En 1943, j’entre chez les guides. Après la guerre beaucoup de vocations ont germées et l’appel est revenu tout particulièrement durant une veillée au camp. Il était clair que je devais être cistercienne à Igny, que, habitant à Dijon, je connaissais grâce à l’abbaye de Cîteaux. Lors de mes passages à Cîteaux, je rencontrais chaque fois Dom Godefroid, l’abbé, ainsi que le Père Robert. Tous deux me réconfortaient et m’encourageaient : « J’étais bien dans ma vocation ». Alors je rentrais en paix à la maison. A ce moment là, mes parents ne savaient rien de mon projet et ne posaient pas de questions. Tout simplement ils pensaient que j’avais une sortie avec les guides ou une réunion. Seul mon frère Pierre était dans la confidence. Plusieurs guides de Dijon étaient déjà rentrées à Igny, dont Colette, devenue sœur Bernard, avec qui j’avais beaucoup partagé et qui croyait, elle aussi, à ma vocation. En me quittant, en janvier 1946, elle m’avait dit : « Je t’attends ». Et c’est bien ce qui est arrivé. Le 15 mars 1951, Igny m’ouvrait la porte. Hélas, pour deux mois seulement, car je dus sortir pour soigner un ulcère à l’estomac. En 1953, je rentrais pour la deuxième fois, pour ressortir en mai 1955, en principe définitivement. Je dis bien en principe. Quant à moi, ce n’était pas en principe : je rentrerais après les traitements. Ce que j’ai fait. Je rends grâce au Seigneur de m’avoir gardée fidèle à travers les moments d’épreuve. Soeur Marie-Christine |
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Oui, il faut repartir du Christ, car c'est de lui que sont partis les premiers disciples en Galilée; c'est de lui que sont partis, au cours de l'histoire de l'Église, des hommes et des femmes de toute condition et de toute culture qui, consacrés dans l'Esprit en vertu de leur appel, ont quitté pour lui leur famille et leur patrie et l'ont suivi sans condition, se rendant disponibles pour annoncer le Royaume et faire du bien à tous. La conscience de leur pauvreté et de leur fragilité, et en même temps de la grandeur de l'appel, a souvent conduit à redire avec l'Apôtre Pierre : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur ». Le don de Dieu a pourtant été plus fort que l'incapacité humaine. (Repartir du Christ - n°21) |
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"Zachée, descends vite, je veux aller chez toi" (Lc 19,1-10) |