GILBERT DE HOYLAND | ||
"Le premier il m'a trouvée"
|
J'ai trouvé celui que mon coeur aime. Heureuse issue, ô joyeux terme de si longs circuits ! Bienheureux degrés par lesquels on parvient à un tel but ! L'Epouse a cherché sur sa couche, elle a parcouru la cité, elle a interrogé les gardes. En premier lieu, elle le cherche par elle-même et en elle-même ; en second lieu, hors d'elle-même mais par elle-même ; en troisième lieu, ni par elle-même ni en elle-même. Alors, plus elle cherche avec humilité, plus elle rencontre avec succès ; plus elle est éloignée de se confier en elle-même, plus vite elle trouve. Je l'ai trouvé, dit-elle, j'ai trouvé celui qui le premier m'a cherchée comme une brebis errante, comme une drachme perdue, celui dont la miséricorde m'a prévenue. Oui, le premier il m'a trouvée quand j'étais perdue, il m'a prévenue alors que j'étais sans aucun mérite. Il m'a trouvée errante, il m'a prévenue dans ma désespérance, il m'a trouvée quand je différais mon retour et m'a prévenue alors que je manquais de confiance. Il m'a trouvée en me révélant qui j'étais, il m'a prévenue en m'appelant à lui ; il m'a trouvée égarée dans les erreurs, il m'a prévenue, vide que j'étais des trésors de sa grâce ; il m'a trouvée, non pour que je le choisisse, mais pour me choisir lui-même, il m'a prévenue pour m'aimer le premier. Ainsi élue et aimée, cherchée et acquise, trouvée et prévenue, comment ne mettrais-je pas toutes mes forces et au-delà, tous mes élans, à l'aimer et à le chercher ? Je le chercherai donc, jusqu'à ce que, parvenue au comble de mes voeux, je puisse m'écrier, joyeuse : J'ai trouvé celui que mon coeur aime. Selon moi, cette rencontre a trait non au commencement de la grâce et de la vérité, mais à leur accroissement dans l'âme. Car l'âme, avançant de vertu en vertu et de vérité en vérité, formée à chaque étape par de nouveaux mystères et inondée de joie à chaque pas, à chaque progrès, peut dire : J'ai trouvé celui que mon coeur aime, le Verbe du Père, le Christ Jésus, qui est au dessus de tout, Dieu béni pour les siècles des siècles. Amen. Gilbert de Hoyland - Sermon 8 sur le Cantique |
GILBERT DE HOYLAND (? - 1172)
On sait très peu de choses concernant la vie de Gilbert de Hoyland. Anglais, il faisait peut-être partie d'un groupe de moines de Rielvaux envoyés à l'abbaye bénédictine de Swineshead, lorsque cette dernière passa à l'Ordre cistercien en 1147. Il était en était encore l'abbé en 1167. Il mourrut en 1172 au monastère de Larivour près de Troyes.
Il continua le commentaire sur le Cantique que Bernard de Clairvaux avait laissé inachevé. Au long des quarante huit sermons qu'il rédigea à partir de 1154, il trace l'itinéraire spirituel de l'âme vers Dieu. Il a aussi laissé plusieurs traités. |