LES AUTEURS CISTERCIENS PARLENT DE LA MISERICORDE | ||
" Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père." La vie est un pèlerinage, et l’être humain un viator, un pèlerin qui parcourt un chemin jusqu’au but désiré ... Le Seigneur Jésus nous montre les étapes du pèlerinage à travers lequel nous pouvons atteindre ce but: «Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera: c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous» Pape François - Misericordiae vultus n°14
Dessins de Eloy Roy 1 - "Et ils le tuèrent" (Mt 28,4) 2 - "Lazare, le mendiant, pourrit à la porte du riche" (Luc16,19-31) |
BAUDOUIN DE FORD abbé cistercien du XIIème siècle Voici encore un autre sacrifice, celui de la miséricorde, que le Seigneur lui-même exalte en ces termes : « C’est la miséricorde que je désire, non le sacrifice ». Ainsi, Dieu désire la miséricorde, comme il en témoigne à propos de lui-même. Et il n’est presque rien qu’il désire autant, presque rien qu’il n’accueille davantage que la miséricorde. De cela, il est facile de conclure - puisque toute vertu fait approcher l’être humain de la justice - que la miséricorde, de par sa valeur spirituelle exceptionnelle, est la seule à porter le même nom que la justice, ainsi qu’on lit : « Il a distribué, il a donné aux pauvres, sa justice demeure pour les siècles des siècles » … La miséricorde s’avère très nécessaire au salut, au point que, sans elle, il ne peut y avoir de salut. C’est elle qui se révèle très forte et très efficace pour obtenir la miséricorde du Dieu de miséricorde ... Le bienheureux Paul aussi, lui qui fait l’éloge de la discipline personnelle au point d’affirmer que ceux qui s’en excluent ne sont pas des fils, compare la miséricorde avec la discipline. Ce qui l’amène à dire : « L’exercice physique ne sert pas à grand-chose ; la bonté, elle, est utile à tout, car elle a la promesse de la vie présente et à venir ».
Sermon 7 n°19 … 21-22
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JEAN DE FORD | ||
"Ecoute, Eglise de Dieu"
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Ecoute, Eglise de Dieu, écoute, prête l'oreille, car c'est à toi que l'on parle, et toi seule es dotée d'une oreille pour entendre. Ecoute, dis-je, quelle Majesté t'a aimée, et depuis combien longtemps elle t'a aimée, et avec quelle gratuité elle t'a aimée, et à quel point elle t'a aimée. A tout cet amour, il te faut répondre de toute ta force ; fais attention à la façon dont tu réponds. Il est grand, par delà toute extrême, Celui qui t'aime, et tu ne peux, indigne assurément de cet amour, payer de retour une telle considération. Mais acquitte-toi du peu que tu possèdes : oui, vraiment, de tout ce que tu peux et de tout ce que tu es ; et cela lui suffit. En effet, il ne réclame pas ton amour en vue de tirer profit de toi, puique, comparé à son amour, le tien est comme la goutte d'un seau. Et quand bien même il pourrait être un fleuve, tous les fleuves se jettent dans la mer, et la mer ne débordera pas. Du reste, il est tout à fait à ton avantage, ayant reversé dans sa plénitude tout ce que tu as d'amour, de revendiquer pour toi, en retour de la part limitée qui est la tienne, toute la plénitude, et d'être établie sur tous les biens de ton Seigneur ... Dieu t'a donc aimée depuis l'éternité ; toi, dorénavant, aime-le et pour toujours. Pour lui, aimer n'a pas eu de commencement : que pour toi aimer ne trouve pas de fin. Jean de Ford - Sermon 13,6 sur le Cantique |
JEAN DE FORD (vers 1145 - vers 1214)
Né dans le Devonshire (Angleterre), il entra à l'abbaye cistercienne de Ford, fondée une dizaine d'années plus tôt. Il fut le secrétaire de Baudouin qu'il accompagna plusieurs fois au chapitre général de Cîteaux, et par la suite devint son prieur. En 1186, il fut désigné comme abbé de Bindon, monastère fondé par Ford en 1172. Il sera élu abbé de Ford en 1192.
Au cours des dix dernières années de sa vie, il travailla à l'achèvement du commentaire sur le Cantique commencé par Bernard de Clairvaux et poursuivi par Gilbert de Hoyland. Rédigés dans un style très personnel, ces 120 sermons sont d'une grande richesse spirituelle. |
LES AUTEURS CISTERCIENS PARLENT DE LA MISERICORDE | ||
" Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père." Pour être capable de miséricorde, il nous faut donc d’abord nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. Cela veut dire qu’il nous faut retrouver la valeur du silence pour méditer la Parole qui nous est adressée. C’est ainsi qu’il est possible de contempler la miséricorde de Dieu et d’en faire notre style de vie. Pape François - Misericordiae vultus n°13
Dessins de Eloy Roy 1 - "Et ils le tuèrent" (Mt 28,4) 2 - "Lazare, le mendiant, pourrit à la porte du riche" (Luc16,19-31) |
GERTRUDE D'HELFTA moniale bénédictine cistercienne du XIIIème siècle De grâce, ô Jésus, mon aimable espérance, Epoux fidèle et plein de miséricorde, toi qui ne méprises jamais les soupirs des malheureux, hélas ! hélas ! par ma propre faute mon oreille est bouchée ! De grâce, ô Père des miséricordes, fais que ma vie se passe à t’obéir, au moindre murmure, dès que mon oreille t’aura entendu. Mon bien-aimé, par la douce piété de tes oreilles bénies, purifie toute l’iniquité de mes oreilles pécheresses, afin qu’à l’heure de ma mort, je ne craigne pas d’entendre une parole de malheur, mais qu’à ton très doux appel, mon oreille reçoive la joie et l’allégresse ; car tu es ma seule attente. De grâce, enlève-moi au plus tôt pour tes noces.
Exercice spirituel VII, 604-613
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ETIENNE HARDING | ||
"Ils se mirent à construire un monastère"
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Nous, premiers cisterciens, fondateurs de cette église, nous faisons connaître par le présent écrit à nos successeurs avec quelle conformité canonique, sous quelle haute autorité, mais aussi par le fait de quelles personnes et en quels temps, leur monastère et leur genre de vie débutèrent, afin que, l'entière vérité sur cette affaire étant publiée, ils aiment plus fortement ce lieu et l'observance de la sainte règle que, par la grâce de Dieu, nous y avons en tout cas commencée ; afin aussi qu'ils prient pour nous qui avons supporté sans nous lasser le poids du jour et la chaleur, et qu'ils se dépensent jusqu'au dernier souffle dans la voie resserrée, étroite, que montre la règle, de sorte qu'après avoir déposé le fardeau de la chair, ils goûtent le bonheur de l'éternel repos. * L'an de l'Incarnation du Seigneur 1098, Robert d'heureuse mémoire, premier abbé de l'église de Molesme fondée au diocèse de Langres, et certains frères du même monastère, vinrent trouver le vénérable Hugues, alors légat du siège apostolique et archevêque de l'église de Lyon, promettant d'organiser leur vie de manière à observer la sainte règle de leur père Benoît, et pour exécuter cela plus librement, ils lui demandèrent très instamment de les soutenir de toute la force de son autorité apostolique. Cet illustre légat, accueillant avec joie et faveur leurs désirs, rédigea une lettre par laquelle il jetait les fondements de leur entreprise. * Après cela, l'abbé susdit et les siens, forts d'une telle autorité, revinrent à Molesme et dans cette communuaté religieuse de frères ils choisirent des compagnons désireux de vivre selon la règle, de sorte qu'en rassemblant ceux qui avaient parlé au légat de Lyon, et ceux qui furent appelés du monastère, ils furent vingt et un moines ; et c'est en compagnie serrée qu'ils se dirigèrent avec ardeur vers une solitude appelée Cîteaux. L'endroit, situé dans le diocèse de Chalon et non fréquenté par les hommes en raison de l'épaisseur de la forêt et des d'épines qu'il y avait à l'époque, n'était habité que par les bêtes sauvages. Lorsque les hommes de Dieu y parvinrent, comprenant que ce lieu convenait d'autant plus au style de vie religieuse dont ils venaient de concevoir l'idée et à cause duquel ils en étaient arrivés là, qu'il semblait plus méprisable et inaccessible aux gens du monde, ils coupèrent et dégagèrent un grand nombre d'arbres et d'épines, et, avec l'assentiment de l'évêque de Chalon et l'accord du propriétaire du lieu, ils se mirent à construire là-même un monastère. Etienne Harding - Petit Exorde (prologue, I et III) |
ETIENNE HARDING (avant 1066 - 1134)
Anglais, il entra très jeune chez les bénédictins de Sherborne, mais quitta ensuite la vie monastique pour étudier en Ecosse, puis en France.
Après un pélerinage à Rome, il se fixa au monastère de Molesme, près de Langres, que l'abbé Robert venait de fonder.
Etienne fit partie du groupe de 21 moines qui sortit de Molesme avec Robert en 1098 pour fonder Cîteaux.
Il succèda à Albéric en 1107 comme troisième abbé du nouveau monastère.
Soucieux d'affermir la "réforme", il fut l'inspirateur de la Charte de charité, statut fondamental de l'Ordre. Il est aussi l'auteur principal du Petit Exorde qui raconte l'histoire des commencements de Cîteaux. |
LES AUTEURS CISTERCIENS PARLENT DE LA MISERICORDE | ||
" Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père."
Il est déterminant pour l’Eglise et pour la crédibilité de son annonce de vivre et de témoigner elle-même de la miséricorde. Son langage et ses gestes doivent transmettre la miséricorde pour pénétrer le cœur des personnes et les inciter à retrouver le chemin du retour au Père.
Pape François - Misericordiae vultus n°12
Dessins de Eloy Roy 1 - "Et ils le tuèrent" (Mt 28,4) 2 - "Lazare, le mendiant, pourrit à la porte du riche" (Luc16,19-31) |
GUERRIC D'IGNY abbé cistercien du XIIème siècle Enfin, la terre est emplie de la miséricorde du Seigneur, le Seigneur a couronné l’année de ses bienfaits et ses champs regorgent de toute grâce spirituelle ; qui peut nier, à moins d’être un ingrat, que ce ne soit la plénitude du temps ? … Elle est en effet multiple à l’infini, ô Dieu, ta miséricorde : toi qui es le pain des anges, tu ne te contentes pas d’enrichir et de rendre heureuses les tables des hommes, mais tu vas jusqu’à devenir un foin qui remplisse les crèches des animaux. O Seigneur, Sagesse miséricordieuse, tu te proclames débiteur des sages et des insensés ; toi qui as créé les uns et les autres, tu fournis aux uns et aux autres l’aliment nécessaire : aussi bien les hommes que les bêtes, les spirituels que les charnels, tu les sauves chacun selon leur condition et leur rang. Que le Seigneur soit donc loué pour ses miséricordes et pour ses merveilles envers les fils des hommes, car il a envoyé son Verbe fait chair comme remède et comme nourriture pour tous, si bien que ceux mêmes qui sont incapables de parole sont guéris et rassasiés de la chair de la Parole. 4ème sermon pour la Nativité 1, 40-43 … 48-60
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