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CAREME2015SUITE

 

 

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la s alutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. (Lc 1, 39-56)

Dans cet évangile bien connu de la Visitation, deux femmes, Marie, l’élue de Dieu, et Elisabeth, la femme stérile qui va enfanter. Deux femmes, deux missions et donc deux attitudes mais deux attitudes complémentaires.

Celle d’Elisabeth d’abord. « Dès qu’Elisabeth eut entendu la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein et Elisabeth fut remplie d’Esprit Saint. Alors elle poussa un grand cri et dit : ‘Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein !’ » (Lc 1,41-42). Elisabeth nous apprend que la vie chrétienne est la capacité de se réjouir du bien d’autrui. Mon prochain va connaître un événement heureux dans sa vie et je me réjouis de sa joie. Alors que la stérilité de l’existence semble souvent tout dominer, tous les enfantements, toutes les créations et recréations, toutes les naissances et renaissances, tous les départs et re-départs, tout ce qui vient au jour, tout ce qui vient à terme, tout cela est bon aux yeux de Dieu : « Dieu vit que cela était bon… ». Comme Elisabeth, je dois pouvoir reconnaître ce qui est bon chez l’autre et je dois pouvoir me réjouir du bien qui arrive à celui qui vient me rendre visite.

Je sais bien : il est difficile de mesurer la fécondité d’une vie, car après tout l’essentiel de la vie de l’autre risque toujours de m’échapper. Et il est même encore plus difficile de mesurer la fécondité de sa propre vie, car au fond nul ne me connaît plus que moi-même. Et me connaissant, je peux mesurer mes limites et mes insuffisances. Oui, c’est vrai mais voilà : la joie, c’est de pouvoir rencontrer quelqu’un qui me dise la richesse de ma propre vie, alors même que je suis moi-même incapable de la reconnaître. La joie, c’est de rencontrer quelqu’un à qui je peux dire, et pas seulement par des mots, la fécondité de sa propre vie : « Ce que tu fais, c’est bien., parce que ton action ou ta parole contribue à la vie telle que Dieu la veut ! ».

C’est cette expérience que vivent dans cette page d’évangile Elisabeth et la Vierge Marie. Elles se disent l’une à l’autre que Dieu fait pour elles deux des merveilles. Marie dit à Elisabeth combien elle se réjouit parce que sa stérilité est dépassée et Elisabeth dit à Marie sa joie parce que la mère de son Sauveur vient jusqu’à elle. La voilà, la vie chrétienne : un appel à reconnaître chez les autres leurs fécondités et leurs possibilités d’enfantements, en un mot à reconnaître en eux l’œuvre de Dieu.

L’attitude d’Elisabeth est confirmée par l’attitude de la Vierge Marie, qui fait le choix de la vie. Choisir ce qui contribue à la vie, ce qui la sert, ce qui la nourrit et la guérit, ce n’est pas toujours facile, surtout lorsque cette vie est menacée. Ce fut le choix de Marie et ce peut être le nôtre. C’est même le nôtre, ce choix de la vie, car cette vie que nous menons, parfois difficilement et douloureusement, cette vie est un don de Dieu. Nous ne nous rappelons évidemment pas mais, lorsqu’au tout début de notre existence, lorsqu’au berceau de notre vie, notre vie a été recueillie par ceux qui nous aimaient, c’est une immense espérance qui est née avec nous. Espérance qui se renouvelle à chaque naissance.

Du ciel, elle se réjouit parce que nous avons déjà part à la gloire de son Fils.

Père Jean-François Baudoz (Homélie pour l'Assomption)

 
CAREME2015FIN

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